Salut à toi !
Il est samedi après-midi, et je tourne en rond.
Non pas que je m’ennuie mais je me sens pleine d’énergies qui me tiraillent dans tous les sens. Des envies, des pensées, des idées.
Des idées fixes, depuis des semaines.
Des idées qui se sont installées dans mon cerveau et m’obsèdent.
Des idées qui reviennent en boucle dans ma tête.
Des idées liées à l’art.
Des idées liées à mes engagements citoyens.
Des idées liées à mes aspirations professionnelles.
Des idées liées à l’actualité qui me secoue.
Et toutes ces idées sont liées entre elles.
Parce que, bien que je sois une multipassionnée, qui cumule les casquettes, absolument tout ce que je fais, tout ce que je crée, tout ce dans quoi je me lance est lié à mes valeurs.
Je ne peux pas dissocier mon expression artistique de mes engagements féministes, anti-racistes et globalement, anti-impérialistes.
L’injustice et l’oppression me révoltent.
En être le témoin direct ou indirect allume un feu en moi qui grandit de jour en jour.
Je n’en peux plus des injustices sociales, économiques et de l’oppression politique.
De cette sidération dans laquelle on se trouve, de notre sentiment d’impuissance face à des gouvernants qui n’en ont rien à faire de nous, du vivant et du futur de cette Terre.
Et en parallèle, je n’en peux plus des discours sur le self-care et le développement personnel qui se concentrent sur la responsabilité individuelle.
Oui, nous pouvons tous et toutes être acteurs de nos vies, décider de ce qui est bon pour nous, de ce qu’on garde dans nos vies et ce qu’on élimine...
Mais c’est plus facile pour certains que pour d’autres.
Ca s’appelle être privilégié.
Et puis, il y a des violences systémiques qui dépassent la situation individuelle. Des violences dont on va attendre de la victime qu’elle s’en sorte seule. Alors qu’en plus du travail de reconstruction qu’elle pourra faire, il devrait y avoir un soutien collectif systématique pour l’aider à retrouver confiance.
J’ai intitulé le tableau ci-dessus : Tout le fracas du monde.
Le fracas des oppressions qui écrasent les enthousiasmes, les élans de vie, les espoirs et les joies.
Ou plutôt, le fracas des oppressions qui tentent de les écraser. Mais sans y arriver car il y aura toujours des résistances, individuellement et collectivement, pour préserver la Vie.
Il s’est passé plusieurs événements ces dernières semaines, dans ma vie ou dans celles de proches, qui ont ravivé un de mes besoins les plus importants depuis que je suis enfant : me sentir appartenir à un collectif.
Contribuer à un monde meilleur, avec d’autres.
Il y a un terme en langues bantoues d’Afrique australe, que j’aime particulièrement : Ubuntu. Qui peut se traduire par “Je suis parce que tu es”, “Je suis ce que je suis parce que vous êtes ce que vous êtes”.
J’ai trouvé cette citation de Desmond Tutu sur Wikipedia et je la trouve très inspirante :
« Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés. »
Je ne veux pas utiliser ce terme pour parler de ma philosophie de vie car j’estime que ce serait de l’appropriation culturelle. Mais il décrit parfaitement ce que je ressens depuis que je suis enfant : ce sentiment d’être liée aux autres êtres humains, que la joie d’un autre m’emplit de joie, tout comme sa souffrance m’emplit de souffrance. Et qu’en retour, ma joie peut emplir un autre de joie et ma souffrance l’emplir d’empathie.
Cet Amour de l’autre (car c’est de cela qu’il s’agit), ça me semble tellement évident, tellement facile à ressentir… que je ne comprends pas les haines, les violences, les rejets.
Cette sensibilité, j’en ai parfois eu un peu honte, comme d’une naïveté bêbête.
Mais aujourd’hui, je sais que c’est ma force. C’est ma boussole. La garantie que je garde le cap de mes valeurs, dans un monde qui me demande de m’inquiéter d’abord de moi avant de considérer l’autre. Ce que je refuse.
J’ai repris les études de psycho avec une idée en tête de la psy que je veux être. Et cette semaine, j’ai écouté cet épisode d’Un podcast à soi :
Quel bonheur d’entendre que d’autres pratiquent avec la même vision. Je me sens déjà faire partie de cette “communauté” de psy engagés.
Et puis, j’ai lu ce bonbon pour le coeur de Marielle Macé : “Nos cabanes”
Un manifeste pour un autre vivre ensemble, entre humains et avec les autres êtres vivants de la Terre. Un texte engagé et poétique, que j’ai pris le temps de savourer ligne après ligne. Un texte qui nous rappelle que nous sommes tous liés, entre nous et à la terre.
Bref, je ne sais pas trop où je vais avec cette lettre à coeur ouvert.
J’avais envie de te dire ça, te raconter ce qui m’anime et m’enflamme en ce moment.
J’ai toujours fait partie d’associations, depuis l’adolescence : bénévolement et professionnellement.
Après la naissance de mon fils, j’ai mis en pause les engagements bénévoles.
Puis, j’y suis revenue un peu, de façon ponctuelle.
Aujourd’hui, mon boulot est le lieu de ces engagements, avec mes collègues qui partagent mes valeurs.
Aujourd’hui, mes études sont le chemin vers la professionnelle “complète” que je veux devenir.
Aujourd’hui, ma pratique artistique est l’expression de mon essence.
Mais ce qui me manque, c’est de porter davantage ma voix publiquement.
J’ai réalisé que j’ai envie de transformer cet espace en une communauté où nous pourrions parler de tout cela ensemble.
En parler avec toi, dans les commentaires ou en retour de mail.
Pour nous soutenir, et peut-être, échanger nos ressources sur ces sujets.
Est-ce que tu ressens cet appel du Collectif toi aussi ?
Est-ce que tu fais partie de cercles, groupes, … qui portent une vision militante/engagée ?
Avec Amour,
Sofia ☀️
Merci Sofia,
C’est beau de voir ton feu s’exprimer sur cette ramification des changements qui s’opèrent dans notre monde et qui sont très contagieux. 🫶
Tellement d’accord avec ta lecture du discours autour du self-care. On construit le prochain monde en ce moment même- c’est pas une idée abstraite ♥️